autrechose en disant que lâamour, câest le signe quâon change de discours ».2 Lier lâamour comme signe dâun changement de discours, au discours de la psychanalyse, serait-ce nous renvoyer Ă lâĂ©laboration de lâamour de transfert, en jeu dans toute cure ? Soit Ă la chute des idĂ©aux, de lâidĂ©alisation de lâAutre en quoi
Au commencement Ă©tait le sentiment lâhainamoration? Nous allons poursuivre ce soir le travail entamĂ© le mois dernier, Ă partir dâune question posĂ©e lors de la discussion. Paola Casagrande avait dit quâaprĂšs mâavoir Ă©coutĂ© quâil lui semblait que rien ne prouvait que la haine Ă©tait antĂ©rieure Ă lâamour, contrairement Ă ce que Freud avait affirmĂ©. Paola, par cette Ă©nonciation, a produit un vĂ©ritable acte analytique. En effet, elle mâa fait entendre ce que jâavais dit, sans savoir que je lâavais dit, et me lâa fait entendre dans lâaprĂšs-coup. Cela mâa mis au travail, et câest ce travail que je vous prĂ©sente ce soir. Câest vĂ©ritablement cet effet que jâattends dâun sĂ©minaire psychanalytique. Un sĂ©minaire analytique nâest pas le partage dâun savoir, ou la transmission dâun savoir, ce qui est de lâordre du discours universitaire qui transmet un savoir constituĂ© et donne lieu Ă un diplĂŽme universitaire. Un tel diplĂŽme ne peut dâaucune façon lĂ©gitimer une pratique de lâanalyse. Celle-ci ne peut se lĂ©gitimer que de son acte, comme celui Ă©voquĂ© tout Ă lâheure. Lâacte analytique ne peut se faire que dans le cadre dâun transfert. Lors dâun sĂ©minaire analytique, il sâagit dâun transfert de travail, qui seul, avec bien sĂ»r le transfert dans la cure ou celui dâune analyse de contrĂŽle permet un tel acte. Il y a, ainsi, lors dâun sĂ©minaire, transmission dâun savoir non pas dâun savoir constituĂ©, qui peut de surcroit aussi sây transmettre, mais dâun savoir sur lâinconscient qui dĂ©bouche sur une mise au travail de lâinconscient. Ainsi, un sĂ©minaire psychanalytique nâest pas un cours, mais lâexposĂ© dâun travail en cours, mettant en jeu lâinconscient du sujet qui sây expose. Evidemment, cela ne peut se produire que si un sujet sây expose et si au moins un de ceux ou celles qui y participent accepte dây ouvrir son inconscient; dâoĂč la nĂ©cessitĂ© du dit transfert de travail. Pour en revenir Ă la question de la haine, le dire de Paola mâest apparu dans la prĂ©paration du sĂ©minaire de ce soir dâune justesse assez extraordinaire. En tenant Ă rĂ©affirmer cette position quâil nây avait pas deux pulsions qui sâopposent, la pulsion de vie et la pulsion de mort, mais une seule pulsion dans une structure moebienne, il Ă©tait logique de produire la mĂȘme structure moebienne Ă lâĂ©gard de lâamour et de la haine. En effet, Freud Ă©crit dans une note ajoutĂ©e en 1923 au texte sur le petit Hans Son opposition de la pulsion de destruction ou pulsion de mort aux pulsions libidinales vient Ă sâexprimer dans la polaritĂ© bien connue de lâaimer et le haĂŻr 1». Il Ă©nonce lĂ , clairement, que lâamour et la haine sont lâexpression, la manifestation des pulsions de vie et de mort. 1 S. Freud. Analyse de la phobie dâun garçon de cinq ans. IX. P123. Mais Paola a avancĂ© un argument, et câest celui-ci qui est si juste. Elle pose la question de savoir si la haine est premiĂšre. En effet, la seule occurence que jâai trouvĂ©e, oĂč Freud, admet une remise en question possible de lâopposition entre pulsion de vie et pulsion de mort, câest-Ă -dire de deux pulsions distinctes, est dans Le moi et le ça » oĂč il parle de la transformation de la haine en amour ou de lâamour en haine Si cette transformation est plus quâune simple succession temporelle, donc un relais2 ou une rĂ©solution, alors Ă©videmment le sol vient Ă manquer pour une diffĂ©renciation aussi fondamentale que celle entre pulsions Ă©rotiques et de mort, qui prĂ©suppose des processus physiologiques aux cours opposĂ©s 3». Ainsi, pour Freud, il est indispensable quâil y ait cette succession temporelle entre la haine et lâamour pour pouvoir affirmer lâexistence de deux pulsions. Il apparaĂźt alors que de savoir si la haine est premiĂšre ou pas est fondamental pour soutenir cette affirmation quâil nây a quâune seule pulsion. Freud soutient donc cette position, oĂč la haine et lâamour viennent lâun aprĂšs lâautre occuper la place, voire parfois se mixer lâun Ă lâautre, ce qui donne lâambivalence, sinon cela signifie quâil ne sâagit pas de deux entitĂ©s distinctes. Cela est contenu dans la signification du terme allemand dâ ablösung » . Il va ainsi logiquement avancer et soutenir que la haine est premiĂšre dans le temps. En effet, pour Freud, lâextĂ©rieur, lâobjet, le haĂŻ seraient au tout dĂ©but identiques, et comme nous lâavons vu la derniĂšre fois, câest ainsi que lâobjet sera constituĂ©. Dans le mĂȘme temps que se constitue lâobjet, le moi est Ă©galement constituĂ© par lâeffet de la haine, et se dĂ©finit comme ce qui nâest ni extĂ©rieur, ni haĂŻt, ni donc objet; lâamour en tant quâamour narcissique nâintervenant alors quâen un temps second. Ceci est manifeste quand on rappelle que lorsque Freud dĂ©couvre la pulsion de mort, il substitue celle-ci aux pulsions de conservation du moi. La haine apparaĂźt ainsi comme le garant de la conservation du moi, aprĂšs lâavoir formĂ©. Si la haine vient dâabord, câest donc que lâauto-conservation constitue un mobile primaire dans tout les sens du terme . La haine sâalimente en quelque sorte dans le souci de soi, lĂ©gitime. Câest ce quâaffirme Freud dans Pulsions et destin des pulsions » On peut mĂȘme affirmer que les prototypes vĂ©ritables de la relation de haine ne sont pas issus de la vie sexuelle, mais de la lutte du moi pour sa conservation et son affirmation »4. Il y a alors une relation toutĂ fait intime entre le moi et le sentiment de haine, sans que lâon puisse clairement savoir lequel antĂ©cĂšde lâautre. Nous avons Ă©voquĂ© le sentiment de haine, car il nây a pas Ă douter que la haine soit un sentiment, le plus souvent inconscient, un affect, ce qui ne peut exister quâaprĂšs la formation du moi, donc dans un effet dâaprĂšs-coup. 2 Paul-Laurent Hassoun, dans La haine la jouissance et la loi. sous la dir. de Hassoun et M. Zafiropoulos. Psychanalyse et pratiques sociales. Anthropos. 1995. Il remarque que le mot allemand, ici traduit par relais » et quâil traduit par rĂ©solution, est Ablösung, qui note-t-il contient Ă la fois lâidĂ©e de dissolution » Lösung, dâ mamortissement » dâune hypothĂšque! et de transmission par laquelle quelquâun vient Ă assumer lâactivitĂ© de quelquâun dâautre tout cela est contenu dans le passage » de lâamour Ă la haine. 3 S. Freud. Le moi et le ça. XVI. P286. 4 S. Freud. Pulsions et destin de pulsions. In XIII. P185. P41 in MĂ©tapsychologie, IdĂ©es Gallimard. Ceci nâest pas sans contradictions, relevons celle-ci concernant lâidentification, largement Ă©voquĂ©e lors du dernier sĂ©minaire, ici mĂȘme, oĂč en particulier câest lors de la premiĂšre identification, phase du miroir pour Lacan, que se constituent le moi et lâobjet. Freud Ă©crit dans La psychologie collective et analyse du moi » La psychanalyse voit dans lâidentification » la premiĂšre manifestation dâun attachement affectif Ă une autre personne 5». Pour cette premiĂšre relation Ă lâobjet, Freud parle dâattachement affectif, et lĂ il nâest pas question directement de haine, comme Ă©voquĂ©e tout Ă lâheure. Lâattachement affectif est le noeud de cette affaire, car il sâagit du premier sentiment, lors de lâidentification narcissique comme il lâappelle dans Deuil et mĂ©lancolie 6» . Il Ă©crit Lâidentification est dâailleurs ambivalente dĂšs le dĂ©but 7». Ce qui laisse entendre que dĂšs le dĂ©but il est questiondâambivalence, ce qui nâest plus tout Ă fait la mĂȘme chose que la haine. Ceci est Ă lâorigine dâune confusion dans la littĂ©rature analytique, oĂč trĂšs souvent les analystes parlent dâambivalence en lieu et place de la haine, en particulier chez les post-freudiens, mais aussi chez des lacaniens. Nous y reviendrons. Lâambivalence et la haine ne sont pas les mĂȘmes choses. Lâambivalence est un mĂ©lange dâamour et de haine, Freud est clair dans ce texte, oĂč il Ă©crit Elle se comporte comme un produit de la premiĂšre phase, de la phase orale de lâorganisation de la libido, de la phase pendant laquelle on sâincorporait lâobjet dĂ©sirĂ© et apprĂ©ciĂ© en le mangeant, câest-Ă -dire en le supprimant 8». Il apparaĂźt lĂ que lâamour et la haine sont, et ceci depuis lâorigine, intrinsĂšquement liĂ©s, voire mĂȘme indissociables aimer câest aussi dĂ©truire. Il est ainsi difficile de soutenir que lâamour nâest pas du cĂŽtĂ© de la pulsion de mort. Alors, dâun cĂŽtĂ© Freud nous dit que la haine est premiĂšre chronologiquement et dâun autre cĂŽtĂ© il nous dit que dĂšs le dĂ©but câest dâambivalence quâil sâagit. Et cette question est Ă lâorigine de confusions, de complexitĂ©s et de circonvolutions infinies pour retomber sur ses pieds. Au dĂ©part, il y a un sentiment, qualifiĂ© soit de haine soit dâambivalence; alors on peut choisir soit de confondre haine et ambivalence, soit de penser quâil y a au dĂ©part un sentiment complexe, peut ĂȘtre encore indiffĂ©renciĂ©, pour lequel le concept dâambivalence, trop marquĂ©, ne convient pas. En 1973, Lacan lors du sĂ©minaire Encore » invente le terme dâ hainamoration ». Câest le choix que nous avons fait, câest-Ă -dire de penser ce premier sentiment humain est fait Ă la fois dâamour et de haine, tel quâau dĂ©part, au moins, amour et haine soient indiffĂ©renciĂ©s. Ce nâest que dans un second temps que lâamour et la haine vont pouvoir progressivement acquĂ©rir chacun, mais seulement en partie, leur identitĂ© propre, tels quâils pourraient apparaĂźtre comme des opposĂ©s. 5 Freud. Psychologie collective et analyse du moi. In Essais de psychanalyse. Petite BibliothĂšque Payot. Paris. 1968. P 126. 6 Lâidentification narcissique est la plus originelle ». Deuil et mĂ©lancolie. XIII. P271. 7 Psychologie collective et analyse du moi. Op. Cit. P127. 8 Ibid. Ainsi, nous soutenons quâau commencement Ă©tait lâhainamoration ce qui donne Ă la haine et lâamour une structure moebienne. Nous pensons que Freud ne peut penser une thĂ©orisation de la psychanalyse autrement quâen mettant en opposition deux Ă©lĂ©ments contradictoires. DĂšs Les Ă©tudes sur lâhystĂ©rie » en 1895, il met en place le conflit psychique. Tout dâabord par lâopposition entre conscient et inconscient Ă partir du refoulement. Nous y trouvons le refoulĂ© et le non-refoulĂ© qui rĂ©pond Ă ce processus binaire du plaisir/dĂ©plaisir. Puis, il remarque quâil y a du plaisir dans le dĂ©plaisir. Pour en rendre compte, il lui est nĂ©cessaire de recourir Ă la perversion. Il invoque le masochisme, quâil Ă©tend Ă toute la vie psychique, avec cette question que nous rappelions oĂč il sâagit de savoir si le masochisme est primaire ou si câest le sadisme qui se retourne sur le moi, thĂšse quâil retiendra dans un premier temps. Ce nâest quâen dĂ©couvrant la pulsion de mort quâil soutiendra que le masochisme est primaire et que le retournement du sadisme sur le moi est une forme secondaire du masochisme. Sadisme et masochisme sâopposent, tout en nâĂ©tant pas ni complĂštement diffĂ©rent, ni symĂ©trique lâun de lâautre; et ayant Ă©galement des sources diffĂ©rentes le sadisme tient son Ă©nergie de la nĂ©cessitĂ© dâĂ©viter le dĂ©plaisir et le masochisme dâune propriĂ©tĂ© inhĂ©rente Ă la matiĂšre vivante. De mĂȘme, pour comprendre la question de la pulsion, il lui faut aussi une opposition entre deux pulsions ou groupes de pulsions tout dâabord celle entre les pulsions libidinales et les pulsions du moi ou de conservation du moi; puis entre celles de vie et de mort. Or, afin de conceptualiser le systĂšme psychique, il forme un modĂšle tripartite le conscient, le prĂ©conscient et lâinconscient, oĂč il dĂ©crit le processus psychique sous les trois rapports dynamique, topique et Ă©conomique; puis un second modĂšle avec le moi, le ça et le surmoi. Ainsi, dâun cĂŽtĂ© il met en place un systĂšme dâopposition Ă deux termes, conflictuel, comme entre lâintĂ©rieur et lâextĂ©rieur, le moi et le non-moi, et de lâautre cĂŽtĂ© une structure triangulaire comme le complexe dâOedipe. En effet, il sâagit de concilier un aspect physique ou physiologique a deux dimensions avec celui Ă trois dimensions qui est celui du signifiant, de lâĂȘtre-parlant, de la vie psychique humaine qui nâexiste quâĂ partir du langage. Freud ne le produira pas; bien quâil ait mis en place ce qui est nĂ©cessaire Ă une autre nformalisation. DĂšs les Etudes sur lâhystĂ©rie » il parle du clivage. Il nâĂ©tudiera, partiellement, cette notion quâĂ la fin de son Ćuvre. Lacan, quant Ă lui, nâa jamais soutenu ce principe dâopposition, si ce nâest pour en montrer lâasymĂ©trie. En effet, trĂšs vite, il va dĂ©velopper la question de la division du sujet, qui sera notĂ© $, introduit pour la premiĂšre fois dans le graphe lors du sĂ©minaire Les formations de lâinconscient » en 1957. Pour lui, il ne sâagit pas dâun conflit intra-psychique ou de deux pulsions contraires, mais de lâeffet du signifiant sur un sujet dĂšs lâentrĂ©e dans le langage. Lacan nâa pas besoin de mĂ©taphoriser cette division par la mise en Ă©vidence des oppositions. Il va de soi que cela se produit et que les apparents contraires ressortissent Ă des occurrences diffĂ©rentes du signifiant. Si Freud ne peut lĂącher le concept de deux pulsions opposĂ©es et son corollaire de lâopposition de la haine et de lâamour, oĂč la haine serait antĂ©rieure Ă lâamour, câest, nous semble-t-il, par une thĂ©orisation insuffisante de la question du clivage et donc de la division subjective. Dans notre clinique, quand un sujet Ă©nonce une contradiction ou une opposition interne Ă son psychisme, nous ne nous posons pas la question en terme dâopposition ou de contradiction quâil sâagirait de faire reconnaĂźtre comme telle au sujet, mais en terme de division du sujet en regard du signifiant, afin quâau dĂ©cours de la cure le sujet puisse se reconnaĂźtre comme divisĂ©. Par exemple, quand un sujet sâinterroge pour dĂ©cider dâaller dans le sens de son dĂ©sir, pour autant quâil puisse en savoir quelque chose, ou dâaller vers une norme sociale, câest- Ă -dire dâobĂ©ir Ă une injonction du surmoi qui peut lui apparaĂźtre comme venant de lâAutre, nous ne pensons pas ce quâil se passe en tant que conflit, semblant se produire entre le moi et lâAutre, dont la rĂ©solution a pu ĂȘtre thĂ©orisĂ©e par un renforcement du moi, mais en tant que choix du sujet, oĂč un sujet est reprĂ©sentĂ© par un signifiant pour un autre signifiant. Câest ce quâen disent nos patients Jâai Ă faire un choix », on est ainsi au plus prĂšs du dire du sujet. Ceci est une Ă©volution de la thĂ©orie et de la pratique analytiques consĂ©cutive Ă ce que Lacan a transmis. Nous ne pensons pas que Lacan, dans lâensemble de ses Ă©crits et sĂ©minaires ait pu contredire notre thĂšse de la structure moebienne de lâamour et la haine. Il y met toutefois deux rĂ©serves le lien avec lâambivalence dâune part, et dâautre part que lâamour et la haine ont deux supports diffĂ©rents. Nous avons dĂ©jĂ abordĂ© la relation Ă lâambivalence que nous allons approfondir. Il a Ă©crit dans LâĂ©tourdit » que Lâamour-haine, câest ce dont un psychanalyste mĂȘme non lacanien ne reconnaĂźt Ă juste titre que lâambivalence, soit la face unique de la bande de Moebius, â avec cette consĂ©quence, liĂ©e au comique qui lui est propre, que dans sa vie » de groupe, il nâen dĂ©nomme jamais que la haine 9». Il note lĂ deux problĂšmes de ne pas diffĂ©rencier lâamour de la haine, ce que nous nous emploierons Ă faire tout Ă lâheure, et cela nous semble fondamental, et la confusion que nous avons Ă©voquĂ©e, oĂč pudiquement lâemploi dans ce sens du terme dâambivalence dĂ©signe la haine qui transparait dans lâamour, comme si elle ne lui Ă©tait pas consubstantielle. Câest ce quâil dit dans le sĂ©minaire 9 LâĂTOURDIT. In pas tout Lacan. Texte du 14 juillet 1972. P1438. Encore » quand il introduit cette notion nouvelle de lâhainamoration Si lâhainamoration, justement, elle la psychanalyse avait su lâappeler dâun autre terme que de celui, bĂątard, de lâambivalence, peut-ĂȘtre aurait-elle mieux rĂ©ussi Ă rĂ©veiller le contexte de lâĂ©poque oĂč elle sâinsĂšre 10». Il lâĂ©nonçait dĂ©jĂ explicitement Ă propos du transfert en 1968 ambivalence pour user du mot dont la bonne Ă©ducation psychanalytique dĂ©signe la haine 11». Or, dans le transfert, en particulier dans le transfert nĂ©gatif, câest dâune vĂ©ritable haine dont il sâagit. Dâailleurs, cette haine nâest pas lâapanage de lâanalysant. Ce que montre bien Luis Eduardo Prado De Oliveira dans son livre La haine en psychanalyse12 ». Nous allons jusquâĂ poser la question de savoir si la pratique de certains analystes, et non des moindres, avec certains de leurs analysants, nâa pas Ă©tĂ© de dĂ©velopper lâamour de transfert en haine. Nous pensons Ă Freud qui a pris sur son divan sa propre fille Anna, Ă Lacan qui a eu des relations sexuelles avec Catherine Millot et Ă Donald Winnicott avec son analysant Masud Khan qui en plus se recevaient en couple les uns chez les autres. Peut ĂȘtre ces analystes Ă©taient- ils suffisamment forts ou suffisamment bons? pour sâarranger avec leur jouissance, mais leurs analysants? A lâĂ©vidence le concept dâambivalence ne convient pas pour ces exemples extrĂȘmes, contrairement Ă celui dâhainamoration. Donc, au commencement Ă©tait lâhainamoration, premier sentiment; Ă ce moment, lâamour et la haine sont encore indiffĂ©renciĂ©s. Le moi et lâobjet se constituent, comme nous lâavons envisagĂ© lors du prĂ©cĂ©dent sĂ©minaire, dans un double rapport Ă lâimage ou Imago, en miroir, donc dans le registre imaginaire; et symbolique par un processus de subjectivation, une reprĂ©sentation qui est lâidĂ©al du moi. Pour le dire autrement lâidentification imaginaire, celle du moi qui est une image extĂ©rieure au sujet et une reprĂ©sentation interne au sujet, signifiante, qui est lâidĂ©al du moi. Comme vous le voyez, Ă dĂ©faut de vous le reprĂ©senter, cela se passe entre un dehors et un dedans , un moi et un non-moi qui ne sont pas superposables. Câest lĂ que la structure moebienne peut venir simplifier les choses, oĂč le dedans et le dehors sont sur les deux faces de la bande de Moebius, qui sont en fait une seule et mĂȘme face; il en va alors de mĂȘme pour le moi et lâAutre. 10 J. Lacan; SĂ©minaire XX. Version Valas. P192. 11 J. Lacan. Introduction de Silicet au titre de la revue de lâĂ©cole freudienne de Paris. In Pas tout Lacan. P1182. Janvier 1968. 12Luis Eduardo Prado De Oliveira. La haine en psychanalyse. Liber. MontrĂ©al. 2018. Quâest-ce que cette structure moebienne? Lacan lâexplique bien dans le sĂ©minaire XVIII Or ce quâil sâagissait de vous faire toucher du doigt, câest la possibilitĂ© dâune inscription double Ă lâendroit, Ă lâenvers sans quâait Ă ĂȘtre franchi un bord. Câest la structure dĂšs longtemps bien connue dont je nâai eu quâĂ faire usage dite de la bande de Moebius 13». Il vous devient peut-ĂȘtre plus perceptible que cette structure moebienne vient poser dâune façon radicalement diffĂ©rente ces questions du dedans et du dehors et surtout du moi et de lâautre. Les opposĂ©s sont finalement en continuitĂ©, il nây a pas de bord entre eux. Poursuivons notre raisonnement, sur ce qui vient diffĂ©rencier la haine de lâamour Ă partir du premier sentiment quâest lâhainamoration. Si, lors de lâidentification le moi se reconnaĂźt comme identique Ă soi-mĂȘme », que lâon peut Ă©crire soi mâaime », il va identifier le moi Ă lâidĂ©al du moi, sâincorporer comme dirait Freud et ainsi se constituer comme moi, le moi sâintĂ©riorise et se trouve symbolisĂ©, se nomme comme moi; et sâil ne lui semble pas ĂȘtre identique Ă soi-mĂȘme », il est un objet, un autre, un soi-mâaime-pas », un soi-haĂŻ » et reste au dehors, Ă lâextĂ©rieur. Ainsi, il apparaĂźt que lâamour se situe Ă lâarticulation de lâimaginaire et du symbolique, alors logiquement la haine devrait se situer Ă lâarticulation de lâimaginaire et du rĂ©el, ce que nous montrerons tout Ă lâheure. Lâamour et la haine de ce point de vue ne sont pas des opposĂ©s, mais au contraire apparaissent comme deux pĂŽles de lâimaginaire entre le rĂ©el dâun cĂŽtĂ© et le symbolique de lâautre. Lacan amĂšne cela dĂšs le sĂ©minaire I sur le moi, oĂč entre le rĂ©el et le symbolique, se trouve la troisiĂšme passion de lâĂȘtre lâignorance14. Les mĂ©canismes Ă lâĆuvre pour dĂ©terminer si on a affaire Ă lâamour ou la haine sont le plaisir et le dĂ©plaisir. Si la vision de lâobjet identificatoire provoque du plaisir, il sera aimĂ©, et, comme lors de la phase orale il sera incorporĂ© et dĂ©truit. Si cette vision suscite du dĂ©plaisir lâobjet sera haĂŻ, reconnu comme autre câest-Ă -dire comme non-moi ou pas reconnu comme moi, extĂ©rieur et servira par la haine qui le vise Ă la conservation du moi. Câest le plaisir ou le dĂ©plaisir qui vont orienter et donc mettre en place cette diffĂ©renciation de lâhainamoration entre ses deux pĂŽles dâamour et de haine. Ainsi, ce qui est aimĂ© est reconnu comme constitutif du moi, sera idĂ©alisĂ© et tout Ă fait conscient, entiĂšrement dialectisĂ©, significantisĂ©, avec une consistance Ă la fois imaginaire et symbolique. Alors que ce qui est haĂŻ appartient au monde extĂ©rieur, nâest pas reconnu comme partie du moi et va connaĂźtre le destin de ce qui est cause dedĂ©plaisir. Câest dire que cet objet haĂŻ est objet de jouissance. En effet, on peut avancer que le dĂ©plaisir, dont se soutient Freud tout au long de sa dĂ©couverte de la psychanalyse et dont il tire la pulsion de mort, correspond Ă ce que Lacan a nommĂ© jouissance. Ainsi, ce qui est cause de dĂ©plaisir, haĂŻ est de ce fait objet de la jouissance. La jouissance est Ă situer dans le rĂ©el. Câest-Ă -dire quâelle nâest pas soumise Ă la logique du signifiant et pas consciente. Dans ce registre du rĂ©el la haine est pure jouissance. Ce qui apparaĂźt alors est ceci la haine se forme dans lâimaginaire suivant la phase du miroir, largement Ă©voquĂ©e lors du dernier sĂ©minaire, Ă partir de ce premier sentiment dâhainamoration. Ce qui lui donne une consistance imaginaire, ce qui est la forme sous laquelle elle apparaĂźt au sujet. Dans un mĂȘme temps, elle devient un rĂ©el, en tant que jouissance, de façon Ă ce que le sujet ne puisse lâapprĂ©hender quâen tant quâĂ©lĂ©ment imaginaire. 13 J. Lacan. Sem XVIII. Dâun discours qui ne serait pas du semblant. Version Valas. P4. 14 SĂ©minaire I. Le moi dans la thĂ©orie de Freud et dans la technique de la psychanalyse. Version Valas. P 742. Ainsi se crĂ©ent Ă la jonction du symbolique et de lâimaginaire la passion ou la cassure, si vous voulez, ou la ligne dâarĂȘte qui sâappelle lâamour, Ă la jonction de lâimaginaire et du rĂ©el, celle qui sâappelle la haine, et Ă la jonction du rĂ©el et du symbolique, celle qui sâappelle lâignorance ». Cela a pour consĂ©quence importante concernant la clinique de la haine que cet aspect imaginaire peut sâenflammer sans quâune limite symbolique puisse agir. Câest exactement ce que lâon peut observer actuellement dans le discours public, oĂč domine cet aspect purement imaginaire, et oĂč la rĂ©alitĂ© se dissout dans lâimaginaire et permet toutes les exagĂ©rations tant dans le mensonge pudiquement nommĂ© fake-news que dans les thĂšses complotistes et les ambiances de lynchage que lâon trouve dans le discours public, autant dans les rĂ©seaux sociaux que dans les discours des hommes et femmes politiques, mĂȘme ceux qui soutiennent des positions modĂ©rĂ©es. Aujourdâhui plus personne ne peut tenir un discours politique qui ne fait pas dâune façon ou dâune autre allusion Ă lâimmigration, aux Ă©trangers, câest-Ă -dire pour le moins rĂ©fĂ©rence Ă la haine. Tous les meurtres de masses et gĂ©nocides ont Ă©tĂ© prĂ©parĂ©s par de tels discours. Ainsi, cet imaginaire de la haine vient masquer ce quâil en est de la haine en tant que rĂ©el. Comme illustration, prenons lâexemple de ces discours ce quâils viennent dire, câest que ces Ă©trangers, ces autres ne sont pas humains, ce sont des parasites, des cloportes, des choses, de façon Ă les dĂ©sidentifier dâune figure Ă laquelle on puisse sâidentifier, un semblable. Il en va de mĂȘme pour ceux qui honnissent les migrants, oubliant quâeux mĂȘmes sont des migrants ou enfants de migrants; il se produit pour eux une dĂ©sidentification. Rappelons que lâidentification est un mĂ©canisme qui allie lâimaginaire au symbolique. Donc, la question se pose de comment introduire du symbolique dans la haine? Robert LĂ©vy, qui viendra ici en janvier prochain, nous parlera probablement de ce quâil a appelĂ© lâidentification idĂ©ale collective », comme une possibilitĂ© de mĂ©taphorisation, câest-Ă -dire de symbolisation du rĂ©el. Ainsi, nous avons affaire Ă ce qui concerne la nature rĂ©elle de la haine en tant que jouissance, câest-Ă -dire la difficultĂ© Ă la reconnaĂźtre, en particulier de la reconnaĂźtre comme partie intĂ©grante et constitutive de soi comme sujet. Câest une des plus grande difficultĂ© et rĂ©sistance lors des cures pour un sujet dâarriver Ă se reconnaĂźtre dans sa jouissance. Nâest-ce pas lĂ le troisiĂšme pied de la passion, celle dont Lacan dit quâelle est majeure, la passion de lâignorance? Celle qui se caractĂ©rise par lâabsence dâimaginaire. Celle qui permet de ne pas se connaĂźtre, Ă©quivalent Ă ne pas se reconnaĂźtre dans lâAutre. Pour terminer, une courte remarque, faute de temps, pouvant ĂȘtre un prĂ©lude Ă un autre travail. Nous nous demandons si ce qui dĂ©clenche la haine ne serait pas une perte de jouissance, un plus-de-jouir dans le sens de moins de jouir? Nous partons de cette phrase de Pontalis Contrairement Ă ce que lâon croit, lâimage du semblable, du double, est infiniment plus troublante que celle de lâAutre 15». La jouissance vise Ă faire du UN, Ă nier le symbolique et la division du sujet qui en est la consĂ©quence, la vision du double encore plus que celle de lâAutre, renvoie Ă cette division subjective et ainsi entraĂźne une perte de jouissance. Câest cette vision du double, que Freud perçoit dans le miroir de son compartiment de train qui lâamĂšne Ă Ă©crire son texte de lâinquiĂ©tante Ă©trangetĂ© ». Philippe Woloszko Metz, le 15 novembre 2018. 15 Pontalis, entretiens une tĂȘte qui ne me convient pas », Le genre humain, n°11, 1984-1985, P15. SHARE IT
Cest l' amour passion, celui que l'on rencontre au dĂ©but ou dans le prĂ©mices d'une relation, celui qui nous fait dire "je suis raide dingue amoureux". C'est l'amour du Banquet de Platon, oĂč l'amour est dĂ©sir et oĂč le dĂ©sir est manque. Ce qu'on a pas, ce qu'on est pas, ce dont on manque, nous allons le dĂ©sirer et l'aimer.
Article paru dans la revue PLI n° 8 revue de psychanalyse de lâEPFCL-France pĂŽle Ouest Ă partir dâune intervention prononcĂ©e lors du SĂ©minaire collectif Lâacte analytique » Ă Rennes durant lâannĂ©e 2012-2013. En 1964, dans le sĂ©minaire Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Lacan dit que Le transfert est un phĂ©nomĂšne oĂč sont inclus ensemble le sujet et le psychanalyste. Le diviser en termes de transfert et de contre-transfert, quelle que soit la hardiesse et la dĂ©sinvolture des propos quâon se permet sur ce terme, ce nâest jamais quâune façon dâĂ©luder ce dont il sâagit»[1]. Ce dont il sâagit câest de la question du transfert, comme phĂ©nomĂšne essentiel, nodal pour lâĂȘtre humain, Ă savoir le dĂ©sir. Dâautre part, toujours pour poursuivre notre questionnement concernant lâacte du psychanalyste, nous nous Ă©tions arrĂȘtĂ©s sur cette remarque de Lacan mentionnant le fait que la femme comprenne trĂšs trĂšs bien ce quâest le dĂ©sir de lâanalyste. Comment ça se fait-il ? »[2]. Dans la sĂ©ance du 27 fĂ©vrier, du sĂ©minaire LâAngoisse, il questionne la fonction du dĂ©sir dans lâamour. Pour autant que le dĂ©sir intervient dans lâamour et en est un enjeu essentiel, le dĂ©sir ne concerne pas lâobjet aimĂ© »[3]. Il nous indique que pour questionner ce que peut ĂȘtre le dĂ©sir de lâanalyste, il faut partir de lâexpĂ©rience de lâamour. Nous allons donc poursuivre cette question de lâamour dans le transfert et la position de lâanalyste en prenant appui ce soir sur deux points les prodigieuses confidences de Lucia Tower dans lâaveu trĂšs profond quâelle fait de son expĂ©rience. Cela ne peut Ă©viter de mettre les choses sur le plan du dĂ©sir »[4] et les facilitĂ©s de la position fĂ©minine quant au rapport au dĂ©sir »[5]. Lacan prĂ©cise le terme facilitĂ© », comme Ă©tant la façon dont Lucia Tower a rendu raison de la position analytique sinon plus sainement, du moins plus librement, dans son article. »[6]. Que signifient donc les facilitĂ©s de la position fĂ©minine par rapport au dĂ©sir », et le dĂ©sir ne concerne pas lâobjet aimĂ© » dont parle Lacan ? Quels liens peut-on faire entre lâamour et le dĂ©sir de lâanalyste? Quels liens entre lâamour et la psychanalyse ? La question de lâamour comme tromperie ? Lacan dans le sĂ©minaire Le transfert et son interprĂ©tation nous rappelle cette dimension toujours Ă©ludĂ©e quand il sâagit du transfert, Ă savoir quâil nâest pas simplement ce qui reproduit une situation, une action, une attitude, un traumatisme ancien. Ce qui se rĂ©pĂšte, câest quâil y a toujours une autre coordonnĂ©e, celle sur laquelle il met lâaccent Ă propos de lâintervention analytique de Socrate, Ă savoir nommĂ©ment, un amour prĂ©sent dans le rĂ©el. Il prĂ©cise nous ne pouvons rien comprendre au transfert si nous ne savons pas quâil est aussi la consĂ©quence de cet amour-lĂ . Câest en fonction de cet amour, disons rĂ©el, que sâinstitue ce qui est la question centrale du transfert, Ă savoir celle que se pose le sujet concernant ce qui lui manque, car câest avec ce manque quâil aime, ce nâest pas pour rien que, depuis toujours, je vous serine que lâamour câest de donner ce quâon nâa pas »[7]. Comment pourrions-nous expliciter ce que Lacan dit de cet amour toujours prĂ©sent dans le rĂ©el » dans lâanalyse ? Il me semble que câest un amour qui ne se laisse pas prendre aux sĂ©ductions et aux enjeux de la mascarade phallique qui rĂ©gissent, au niveau imaginaire, les rapports entre les sexes. Peut-on alors illustrer cet amour rĂ©el en prenant appui sur ce passage de Lacan[8] dans le sĂ©minaire Encore oĂč le dĂ©placement de la nĂ©gation de la contingence Ă la nĂ©cessitĂ© serait lĂ le point de suspension Ă quoi sâattache tout amour » ? Peut-on entendre cela comme la rencontre du sujet avec ses symptĂŽmes, ses affects, avec ce qui le marque donc de la contingence, que lâon peut formuler par cela cesse de ne pas sâĂ©crire ». Et la rencontre avec le dĂ©sir de lâanalyste, comme la nĂ©cessitĂ©, soit lâamour, comme ce qui ne cesse pas de sâĂ©crire » ? Le temps de suspension serait lâillusion pendant un temps, cette mise Ă distance de cet impossible, de ce non-rapport sexuel, de cette mise Ă distance de lâaffrontement avec le non-rapport sexuel, avec le rĂ©el que lâon peut Ă©crire ! Cela ne cesse pas de ne pas sâĂ©crire ». Câest en fonction de cet amour disons rĂ©el que sâinstitue ce qui est la question centrale du transfert, celle que se pose le sujet concernant lâagalma, Ă savoir ce qui lui manque, car câest avec ce manque, que le sujet aime. Lacan poursuit câest le mĂȘme principe que le complexe de castration. Pour avoir le phallus, pour pouvoir sâen servir, il faut justement ne pas lâĂȘtre ».[9] Câest en 1895 que Freud dans les Etudes sur lâhystĂ©rie, dĂ©signe le transfert Ăbertragung comme un faux nouage, une fausse association. Une mĂ©salliance.[10] Le transfert est moins clair et moins simple quâil nây paraĂźt. Peut on dire quâune imposture est inscrite au centre du champ analytique avec une demande ambiguĂ« et Ă©quivoque qui dirait comme un cailloux riant au soleilâŠJe te demande de me refuser ce que je tâoffre, parce que ce nâest pas ça »[11]. Lacan relĂšve que câest lâinstant de la rencontre du dĂ©sir du patient avec le dĂ©sir de lâanalyste, oĂč Le sujet en tant quâassujetti au dĂ©sir de lâanalyste, dĂ©sire le tromper de cet assujettissement, en se faisant aimer de lui, en proposant de lui mĂȘme cette faussetĂ© essentielle quâest lâamour »[12]. Freud repĂšre comment le transfert ne saurait ĂȘtre atteint in absentia, in effigie. Cela signifie, me semble-t-il, que le transfert nâest pas, de sa nature, lâombre de quelque chose qui eĂ»t Ă©tĂ© auparavant vĂ©cu. Bien au contraire, le sujet, en tant quâassujetti au dĂ©sir de lâanalyste, dĂ©sire le tromper de cet assujettissement, en se faisant aimer de lui, en proposant de lui-mĂȘme cette faussetĂ© essentielle qui est lâamour ».[13] Lâeffet de transfert, câest cet effet de tromperie en tant quâil se rĂ©pĂšte prĂ©sentement ici et maintenant »[14]. Lacan dans le SĂ©minaire Encore, indique que lâamour dans lâanalyse, nous nâavons affaire quâà ça, et ce nâest pas par une autre voie quâelle opĂšre. Mais Aimer, câest essentiellement vouloir ĂȘtre aimĂ© ».[15] Câest pourquoi derriĂšre lâamour dit de transfert, nous pouvons dire que ce quâil y a, câest lâaffirmation du lien du dĂ©sir de lâanalyste au dĂ©sir du patient ».[16]Lacan insiste sur cette dimension de tromperie dans le lien transfĂ©rentiel. Si le transfert consiste Ă dĂ©sirer le dĂ©sir de lâAutre, il place du mĂȘme coup lâanalyste dans la position du dĂ©sirĂ©. Lâanalyste devient le lieu oĂč vient se loger lâobjet du dĂ©sir du sujet. Lâamour et le dĂ©sir du sujet visent lâobjet placĂ© dans lâanalyste. Le dĂ©sir de lâanalyste permet donc au patient de repĂ©rer au-delĂ des mirages de lâamour lâobjet du dĂ©sir Ă partir du signe du manque dans lâAutre. Câest donc finalement les questions de la ruse et du semblant qui sont lĂ prĂ©sentes me semble tâil. Un article de VĂ©ronique Mariage sur ce sujet le mentionne ainsi une analyse est une histoire dâamour que dĂ©loge lâanalyste par son dĂ©sir ».[17] La femme et la ruse Lacan a toujours affirmĂ© que les femmes avaient un rapport privilĂ©giĂ©, une sorte de connivence naturelle avec la psychanalyse. En relisant et commentant cet article de Lucia Tower sur lequel nous allons prendre appui ce soir et dont Marie-ThĂ©rĂšse Gournel va nous parler, nous verrons comment elle va, mĂȘme sans lâarticuler, le nommer, occuper de fait sa place dâanalyste lorsquâelle va sâaviser de ne pas contenir, de ne pas incarner lâobjet cause du dĂ©sir de lâanalysant. Lucia Tower va se laisse mener par lâĂ©rotique analytique de la cure en se conduisant comme un partenaire fĂ©minin. Comme le mentionne Lacan, si les femmes ont cette aisance, câest en grande partie dĂ» Ă la singularitĂ© de leur rapport Ă lâinconscient ou encore Ă la forme mĂȘme du complexe de castration fĂ©minin. Câest un fait bien Ă©tabli, quand elles se rangent, elles aussi sous la banniĂšre du phallus, ce nâest pas, comme les hommes, sous la contrainte dâune menace, mais par le constat dâune absence. Lâissue du complexe dâĆdipe est diffĂ©rente comme chacun sait pour la femme. Pour elle câest beaucoup plus simple, elle nâa pas Ă faire cette identification. Elle sait oĂč il est, elle sait oĂč elle doit aller le prendre, câest du cĂŽtĂ© du PĂšre, vers celui qui lâa, et cela aussi vous indique en quoi ce quâon appelle une fĂ©minitĂ©, une vraie fĂ©minitĂ© a toujours un peu aussi une dimension dâalibi. Les vraies femmes, ça a toujours quelque chose dâun peu Ă©garĂ© »[18]. Lacan prĂ©cise ce qui est pour ces femmes analystes un atout majeur. Il le dit ainsi Ce manque, ce signe moins dont est marquĂ©e la fonction phallique pour lâhomme qui fait que pour lui sa liaison Ă lâobjet doit passer par cette nĂ©gativation du phallus, par le complexe de castration, cette nĂ©cessitĂ© qui est le statut du moins phi au centre du dĂ©sir de lâhomme, voilĂ ce qui pour la femme nâest pas un nĆud nĂ©cessaire. Ce nâest pas dire quâelle ne soit pas pour autant sans rapport avec le dĂ©sir de lâAutre, mais justement, câest bien au dĂ©sir de lâAutre comme tel, quâelle est en quelque sorte confrontĂ©e, affrontĂ©e. Câest une simplification que, pour elle, cet objet phallique ne vienne, par rapport Ă cette confrontation, quâen second et pour autant quâil joue un rĂŽle dans le dĂ©sir de lâAutre. Ce rapport simplifiĂ© avec le dĂ©sir de lâAutre, câest ce qui permet Ă la femme quand elle sâemploie Ă notre noble profession, dâĂȘtre Ă lâendroit de ce dĂ©sir, dans un rapport quâil faut bien dire manifeste chaque fois quâelle aborde ce champ confusĂ©ment dĂ©signĂ© comme celui de contre-transfert â et qui est en fait celui du dĂ©sir du psychanalyste â dans un rapport que nous sentons beaucoup plus libre »[19]. Pour la femme, ce phallus quâelle nâa pas, elle lâest symboliquement pour autant quâelle est lâobjet du dĂ©sir de lâautre. Câest pour ĂȘtre le phallus, câest-Ă -dire le signifiant du dĂ©sir de lâAutre, que la femme va rejeter une part essentielle de la fĂ©minitĂ© dans la mascarade cf. Joan RiviĂšre. La femme leurre par le leurre mĂȘme, la fĂ©minitĂ© se rĂ©sume Ă la prĂ©sentation de cette parure du vide. Le dĂ©sir de lâanalyste et la fonction de lâanalyste du cĂŽtĂ© de la mascarade Lacan, lui, explore la fonction de lâanalyste du cĂŽtĂ© de la mascarade fĂ©minine ; la mascarade nâest pas lâexclusivitĂ© de ceux qui avancent dans la vie avec lâapparence dâune femme. Dire que lâanalyste se conduit comme un partenaire fĂ©minin, câest dire quâil rĂ©pond comme une friendly wife, ce que fera Lucia Tower, avec un de ses patients, en portant un masque comme le propose Joan RiviĂšre, ou en faisant le travail dâillusionniste comme le mentionne Lacan en 1936. Lâanalyste se laisse mener par le malentendu et, le moment venu, tout simplement il nâoppose aucune rĂ©sistance Ă ce que lâĂ©quivoque tombe. Occuper cette place nâen passe pas par une technique, par une volontĂ© de lâanalyste, encore moins Ă la comme suite dâune Ă©laboration thĂ©orique. Si Lacan insiste sur le dĂ©sir de lâanalyste comme opĂ©rateur, câest parce que ce nâest pas selon son dĂ©sir de sujet que lâanalyste opĂšre, câest un tenant lieu dâun artifice. Pour soutenir le dĂ©sir de lâanalysant, il ne sâagit pas dâun semblant de dĂ©sir, mais de faire semblant dâun dĂ©sir qui opĂšre rĂ©ellement, dans ces rencontres manquĂ©es du sujet avec lâAutre ».[20] Mais comment Ă lieu cette opĂ©ration ? Telle est la question. Une rĂ©ponse peut-elle ĂȘtre du cĂŽtĂ© de lâamour rĂ©el ? En effet comme le mentionne Lacan Seul lâamour rĂ©el permet Ă la jouissance de condescendre au dĂ©sir »[21]. Condescendre », cĂ©der complaisamment est le mot qui souligne ici un mouvement entre le dĂ©sir et la jouissance, mais peut-ĂȘtre aussi une forme de circularitĂ© entre celle-ci et lâamour. La rencontre avec le dĂ©sir de lâanalyste est-elle le lieu dâune ruse pour dĂ©busquer lâinconscient, pour permettre Ă la jouissance de condescendre au dĂ©sir pour le sujet de lâinconscient ? En voici une illustration littĂ©raire dans Les lieux dâune ruse de Georges Perec[22] Je vins pendant 4 ans, mâenfoncer dans ce lieu sans histoire, dans ce lieu inexistant qui allait devenir le lieu de mon histoire ⊠lâAutre derriĂšre ne disait rien. A chaque sĂ©ance jâattendais quâil parle. JâĂ©tais persuadĂ© quâil me cachait quelque chose, quâil en savait beaucoup plus quâil ne voulait bien en dire, quâil nâen pensait pas moins, quâil avait son idĂ©e derriĂšre la tĂȘte ⊠lorsque jâessayais de parler, de dire quelque chose de moi, dâaffronter ce clown intĂ©rieur qui jonglait si bien avec mon histoire, ce prestidigitateur qui sâavait si bien sâillusionner lui-mĂȘme, tout de suite jâavais lâimpression dâĂȘtre en train de recommencer le mĂȘme puzzle comme si, Ă force dâen Ă©puiser une Ă une toutes les combinaisons possibles je pouvais un jour arriver enfin Ă lâimage que je cherchais ⊠il fallait que je revienne sur mes pas, que je refasse ce chemin parcouru dont jâavais brisĂ© les fils. De ce lieu souterrain, je nâai rien Ă dire je sais quâil eut lieu et que dĂ©sormais la trace est inscrite en moi et dans les textes que jâĂ©cris ». Il me semble que Georges Perec vient lĂ nous indiquer comment la rencontre avec le dĂ©sir de son analyste, devient le lieu de lâobjet perdu et la trace quâil en retrouve pour lui du cĂŽtĂ© de lâĂ©criture. Il nây a pas dâobjet qui puisse combler un sujet. Das Ding est la chose perdue du fait de lâaccĂšs au langage. Heidegger nous aide Ă concevoir Das ding par la mĂ©taphore du vase. Le vase enserre cette chose ». Ce vase que le potier façonne autour dâun vide avec sa main. Ce vide nâest pas rien, câest la rĂ©vĂ©lation de lâĂȘtre ». Maurice Blanchot Ă©crit que la rĂ©ponse Ă la question câest le meurtre de la question. Il me semble que lâon peut entendre cela comme le dĂ©sir ne restant vif que parce quâaucun objet y compris le savoir et les connaissances comme objet dĂ©sirable ne saurait le combler. Peut-on dire que Georges Perec dans son texte, nomme ainsi ce tenant lieu dâartifice ? ». Il sâagit de donc de dĂ©finir les coordonnĂ©es que lâanalyste doit ĂȘtre capable dâatteindre pour simplement occuper la place qui est la sienne, laquelle se dĂ©finit comme celle quâil doit offrir vacante au dĂ©sir du patient pour quâil se rĂ©alise comme dĂ©sir de lâAutre[23] ». En consĂ©quence, il sâagit de situer ce que doit ĂȘtre, ce quâest fondamentalement la production du dĂ©sir de lâanalyste, posĂ© comme un dĂ©sir spĂ©cifique, un dĂ©sir inĂ©dit, par Lacan. Câest bien pourquoi Lacan affirme que la jouissance doit condescendre au dĂ©sir via lâamour. La fonction de lâamour Ă©tant alors dâorienter le dĂ©sir de lâanalysant, Ă partir de lâabsence de la Chose maternelle, vers lâobjet a de substitution et le plus-de-jouir. Lâamour ne rĂ©pond que dâun manque. Autrement dit le ternaire jouissance-amour-dĂ©sir suggĂšre une circulation signifiante alternĂ©e, de la jouissance au dĂ©sir et du dĂ©sir Ă la jouissance. La fin de lâanalyse sâaccompagne dâun dĂ©tachement Ă lâĂ©gard du sujet supposĂ© savoir, tandis que se met Ă nu ce que la prĂ©sence de lâanalyste cachait, Ă savoir lâobjet sous son aspect pulsionnel. Dans ce moment, ce qui se propose au sujet est la rencontre avec le rĂ©el de sa cause, son horreur propre », qui peut lui donner appui pour un dĂ©sir de savoir nouveau. Dans le fantasme, le sujet adopte une nouvelle position par rapport Ă lâobjet. Lâobjet nâest plus un objet manquant par essence, et qui pourrait complĂ©ter son ĂȘtre ; il devient plutĂŽt un objet qui, en tant que cause, le pousse Ă chercher, Ă complĂ©ter ce qui ne pourra jamais ĂȘtre comblĂ©. Soit un dĂ©sir inĂ©dit pour un savoir Ă construire. Dans son livre, Une saison chez Lacan, Pierre Rey illustre me semble tâil le dĂ©sir de lâanalyste Ă partir du tableau La dentelliĂšre, de Vermeer. Le tableau entier sâordonne autour de la seule chose que le peintre ne donne pas Ă voir, lâaiguille avec laquelle brode la dentelliĂšre. Supprimez ce point central invisible, la toile fout le camp, elle ne signifie plus rien »[24]. Le point focal du tableau serait donc le dĂ©sir de lâanalyste ? Sans aiguille pas de broderie ! [1] LACAN J., Le SĂ©minaire, Livre XI Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Paris, Seuil, [2] LACAN J., Le SĂ©minaire, Livre X, LâAngoisse, Paris, Seuil, 2004, leçon du 13/03/1963 p. 208. [3] Ibid., leçon du 27/02/1963, p. 180. [4] Ibid., leçon du 27/02/1963, p. 175. [5] Ibid., leçon du 27/03/1963, p. 229. [6] Ibid. [7] Ibid., leçon du 16/01/1963, [8] LACAN J., Le SĂ©minaire, Livre XX Encore, Paris, Seuil 1975, leçon de juin 1975, p. 132, le rat dans le labyrinthe. [9] LACAN J., Le SĂ©minaire, Livre X, LâAngoisse, Paris, Seuil 2004, leçon du 16/01/1963, p. 128. [10] FREUD S., Breuer J., 1985, Etudes sur lâhystĂ©rie, 11° Ă©dition, Paris, PUF, 1992, ch. VI, p. 245-246. [11] LACAN J., Le SĂ©minaire, Livre XIX, âŠOu pire, Paris, Seuil, 2011, titre du chapitre 6 . [12] LACAN J., Le SĂ©minaire, Livre XI Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Paris, Seuil, leçon du 17/06/1984, p. 282, De lâinterprĂ©tation au transfert ». [13] LACAN J., Le SĂ©minaire, Livre XX Encore, Paris, Seuil, 1975, p. 64. [14] Ibid., p. 283. [15] Ibid., p. 282. [16] Ibid., p. 283. [17] MARIAGE V., Le dĂ©sir analytique en question », in Revue La Cause Freudienne, n° 51. [18] LACAN J., Le SĂ©minaire, Livre V, Les formations de lâinconscient, Paris, Seuil, 1998, leçon du 22/01/1958, p. 195. [19] LACAN J., Le SĂ©minaire, Livre X, LâAngoisse, Paris, Seuil, 2004. [20] LACAN J., Le SĂ©minaire, Livre VII, LâEthique de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1986. [21] LACAN J., Le SĂ©minaire, Livre X, LâAngoisse, Paris, Seuil 2004, p. 209. [22] PEREC G., Les lieux dâune ruse », in Penser/classer. [23] LACAN J., Le SĂ©minaire, Livre VIII Le Transfert, Paris, Seuil 2001, p. 130. [24] REY P., Une saison chez Lacan, Ed. Poche Point Essais, 2007, p. 73.
Définition: c'est quoi une psychanalyse ? "La psychanalyse est une méthode d'investigation de processus mentaux et de traitement de divers troubles et souffrances psychiques, explique Rachel Desmur, psychanalyste. La psychanalyse aide à traduire et résoudre des conflits inconscients, la plupart du temps liés à des traumatismes, en dépassant certaines
Lucy Vincent, docteure en neurosciences et ancienne chercheuse au CNRS, Ă Paris, a consacrĂ© une partie de ses travaux au phĂ©nomĂšne amoureux. Elle a publiĂ© Ă©galement quantitĂ© de livres sur la question. Que se passe-t-il dans notre cerveau quand nous tombons en amour, comme disent les QuĂ©bĂ©cois? Est-ce notre corps ou notre cĆur qui est Ă la manĆuvre, sommes-nous libres finalement de choisir celui ou celle avec qui nous allons faire un bout de chemin ou sont-ce nos hormones et nos neurotransmetteurs qui dĂ©cident Ă notre place? Les rĂ©ponses sont parfois surprenantes et il semblerait sur un plan strictement scientifique que nous soyons moins libres quâon lâimagine au moment oĂč Cupidon bande son Comment explique-t-on que lâĂȘtre aimĂ© a toutes les qualitĂ©s?Les expĂ©riences dâimagerie du cerveau ont montrĂ© que lâamour romantique, comme lâamour parental dâailleurs, est caractĂ©risĂ© par une baisse dâactivitĂ© dans la partie du cerveau associĂ©e aux Ă©motions nĂ©gatives, au jugement des intentions et des Ă©motions de lâautre. Les parties du cerveau qui commandent le discernement seraient mises en veilleuse pour ne pas juger trop sĂ©vĂšrement celui ou celle destinĂ©e Ă faire un bout de chemin avec Lâamour est-il une drogue? Il faut savoir quâil y a un vĂ©ritable feu dâartifice de neurotransmetteurs qui se modifient durant lâĂ©tat amoureux. Celui-ci libĂšre des endorphines responsables du plaisir Ă ĂȘtre ensemble, mais induit Ă©galement de grands sauts dâhumeur au dĂ©but de la relation. On passe trĂšs vite de lâeuphorie au dĂ©sespoir pour peu que lâamoureuxse soit en retard, oublie lâanniversaire de votre rencontre, etc. LâĂ©lĂ©vation du taux de dopamine peut expliquer notre focalisation sur le partenaire et la tendance Ă voir en lui un ĂȘtre unique. Le problĂšme rĂ©side ensuite dans le fait que lâĂ©mission de dopamine et dâendorphines est liĂ©e en grande partie Ă la nouveautĂ©. AprĂšs un certain nombre de rencontres, on observe un tassement de lâeffet euphorisant. Lâamoureux est comme lâhĂ©roĂŻnomane, il a besoin dâune dose de plus en plus grande pour la libĂ©ration dâendorphines. Au fil du temps, chaque rencontre avec lâobjet de son amour provoquera une plus faible dĂ©charge de dopamine et la dose dâendorphines se rĂ©duira dâautant pour atteindre un niveau correspondant au bonheur de la vie rĂ©guliĂšre Ă deux. Plus monotone Ă©videmment. On appelle cet effet nouveauté» lâeffet Coolidge. Du nom de ce prĂ©sident amĂ©ricain qui, visitant un Ă©levage bovin avec son Ă©pouse, fut impressionnĂ© par un taureau qui insĂ©minait jusquâĂ 17 vaches par jour. Sa femme lui aurait dit Tu vois, 17 fois par jourâŠÂ» Ce Ă quoi il a rĂ©pondu Certes ma chĂšre, mais pas avec la mĂȘmeâŠÂ»3. Comment explique-t-on les unions qui durent? Pour ceux qui ont des projets de vie commune, vient alors le temps de faire lâapprentissage de la complicitĂ©. Avec lâaide dâune autre substance, lâocytocine, qui va permettre dâinhiber justement lâinstallation de la tolĂ©rance. Depuis les annĂ©es 1970, on sait que cette hormone ne se cantonne pas Ă la coordination de la naissance et de lâallaitement paradoxalement elle est produite par le corps des femmes au moment des contractions pour accĂ©lĂ©rer lâaccouchement mais intervient dans le cerveau pour provoquer les sentiments dâattachement nĂ©cessaires pour promouvoir la survie de lâ Quelle part jouent les odeurs dans la sĂ©duction? Les gĂšnes produisent toutes sortes de protĂ©ines qui ont une influence sur lâodeur du corps. Une bonne part de la communication inconsciente se fait par le systĂšme olfactif. On a pu constater, par exemple, une aversion olfactive dans les couples pĂšre-fille et frĂšre-sĆur, ce qui donne au sens de lâodorat une importance dans le refus de lâinceste. On comprend mieux aussi lâĂ©tonnement qui saisit souvent les amoureux au dĂ©but de leur histoire quand ils rĂ©alisent avoir les mĂȘmes goĂ»ts, par exemple adorer les navets! Mais câest justement le fait dâaimer tous les deux les navets qui explique quâils sont sĂ©duits mutuellement par lâodeur des navets mĂ©tabolisĂ©e dans lâodeur corporelle de lâautre. Non seulement parce que tous deux en mangent, mais ils surproduisent tous les deux lâenzyme qui digĂšre la cellulose du navet Ă cause dâun gĂšne commun. Lâodeur que vous trouvez irrĂ©sistible chez lâautre vous rappelle votre propre odeur. Chez la femme, il y a une plus grande sensibilitĂ© aux odeurs au moment de lâ Pourquoi ne les sent-on pas consciemment? Les neurobiologistes reconnaissent la liaison privilĂ©giĂ©e entre le sens olfactif et les fonctions inconscientes du cerveau grĂące, notamment, Ă un dispositif anatomique qui permet Ă lâinformation olfactive dâatteindre le cerveau qui sait, cognitif», par lâintermĂ©diaire de deux relais au lieu des trois requis habituellement pour tous les autres messages du systĂšme sensoriel. Les messages olfactifs sont envoyĂ©s directement dans les zones du cerveau liĂ©es aux Ă©motions. Il se passe entre deux personnes ce qui se passe avec les chiens, on se renifle sans sâen rendre compte. Ce nâest pas le seul ingrĂ©dient nĂ©cessaire Ă la naissance de lâamour mais câest un signal Quel est le rĂŽle exact de ces fameuses phĂ©romones dont on parle tant?On les trouve dans les urines, la transpiration, les selles ou sur la peau. Elles sont parfaitement inodores. Pour beaucoup dâespĂšces animales, elles rĂ©gulent tout ce qui concerne la vie en sociĂ©tĂ©. Certains chercheurs pensent que les phĂ©romones se libĂšrent aussi Ă travers le sĂ©bum. Et comme la plupart des glandes qui le sĂ©crĂštent sont au niveau du cuir chevelu, de la face, du cou et de la lĂšvre supĂ©rieure, il est possible que le baiser soit impliquĂ© dans lâĂ©change de messages phĂ©romonaux. Il y a une diffĂ©rence totale entre les voies suivies par les neurones phĂ©romonaux et les neurones olfactifs. Les premiers ont pour destination les zones hypothalamiques impliquĂ©es justement dans les fonctions hormonales et Le coup de foudre nâest quâune histoire de phĂ©romones? Combien de temps dure lâamour passion? Et y a-t-il un temps limitĂ© pour tomber amoureux? Câest en tout cas le comportement humain qui ressemble le plus Ă un phĂ©nomĂšne dâorigine phĂ©romonale oĂč on ne peut invoquer des paramĂštres dâordre intellectuel. Lâamour passion qui implique lâĂ©tat dâeuphorie dĂ©crit prĂ©cĂ©demment dure, selon les Ă©tudes scientifiques, entre dix-huit et trente-six mois. Dans une approche plus traditionnelle, oĂč lâon prend le temps de faire connaissance, on a calculĂ© que le temps mis Ă tomber amoureux nâexcĂšde gĂ©nĂ©ralement pas un mois. Le cerveau est alors en possession de toutes les informations nĂ©cessaires pour dĂ©clencher le processus amoureux. Si lâon nâest alors pas sensible aux stimuli chimiques de lâautre, la gentillesse, lâhumour ou lâintelligence ne suffiront pas. On se contentera peut-ĂȘtre dĂšs lors dâune simple Peut-on acheter un flacon de phĂ©romones sur internet pour augmenter ses chances de trouver lâĂ©lue de son cĆur? Non. MĂȘme si lâon sait que les chercheurs ont pu prouver la rĂ©alitĂ© de lâattraction des phĂ©romones mĂąles sur des femmes qui ont privilĂ©giĂ© les endroits oĂč elles avaient Ă©tĂ© dĂ©posĂ©es, mĂȘme si les paysans utilisent depuis longtemps des phĂ©romones dans la reproduction animale, il faut se mĂ©fier des publicitĂ©s qui promettraient de trouver le bonheur en achetant ce genre de Plus on se ressemble, plus on a de chance de rester ensemble, câest vrai? Oui. Contrairement Ă lâidĂ©e commune que les contraires sâattirent, on remarque chez les couples une tendance Ă choisir un partenaire qui a des similitudes physiques, culturelles et sociales. Les Ă©tudes scientifiques ont Ă©tĂ© faites Ă partir de constatations de mĂ©decins dans diffĂ©rents pays qui Ă©taient frappĂ©s du fait que nombre de couples prĂ©sentaient des mĂȘmes symptĂŽmes et se plaignaient des mĂȘmes maladies. On a mesurĂ© certains paramĂštres comme la taille des parties du corps, le mĂ©tabolisme, la personnalitĂ©, les facteurs de susceptibilitĂ© Ă certaines maladies psychiques, lâintelligence et le nombre dâannĂ©es passĂ©es Ă lâĂ©cole. Les couples se ressemblent bien plus que deux personnes prises au hasard dans la rue. Câest mĂȘme vrai pour des mesures comme le taux de cholestĂ©rol ou la pression sanguine. Et cette sĂ©lection des caractĂšres communs est antĂ©rieure Ă lâinstallation du couple dans la durĂ©e, elle sâobserve dĂšs sa crĂ©ation. En langage scientifique, on parle dâaccouplement assortatif. Certes, dâun point de vue biologique il peut paraĂźtre contre-performant que les couples se forment sur la base de caractĂšres ressemblants. La thĂ©orie de lâĂ©volution enseigne que plus les gĂšnes sont diffĂ©rents, plus on a de chances dâavoir des descendants en bonne santĂ©. Mais la nature est bien faite. Si on retient des traits de personnalitĂ©, de mĂ©tabolisme ou dâodeurs semblables aux nĂŽtres, il en va diffĂ©remment pour les gĂšnes liĂ©s Ă lâimmunitĂ© HLA. LĂ , câest lâodeur diffĂ©rente qui est soudainement irrĂ©sistible. Des tests dâodeur sur des t-shirts prĂ©sentĂ©s Ă 121 hommes et femmes ont montrĂ© que les sujets choisissaient le vĂȘtement dont lâodeur Ă©tait la plus Ă©loignĂ©e dâeux au niveau des gĂšnes Peut-on encore croire Ă notre libre arbitre? Câest peut-ĂȘtre un peu dĂ©plaisant Ă entendre, mais le libre arbitre est une illusion dans le domaine de lâamour. La neurobiologie nâexclut toutefois pas de reconnaĂźtre sa magie, son mystĂšre, le fait que câest un des plus grands bonheurs accessibles Ă lâhomme. Tous les effets ne relĂšvent pas dâun rĂ©flexe reproductif. Les mĂ©canismes neurobiologiques montrent aussi que lâamour romantique est bĂąti sur les mĂȘmes bases que lâamour entre un enfant et ses parents, et il semble bien que lâamour maternel fournisse un modĂšle de fonctionnement Ă deux qui sera notre prĂ©fĂ©rence pour toute la vie. Rien nâest jamais figĂ©. MĂȘme si les connexions entre les rĂ©seaux de neurones rĂ©pondent Ă des rĂšgles physiques, nous pouvons intervenir sur les paramĂštres de connexions. Le cerveau humain peut se modifier dâun instant Ă lâautre selon ce que nous en faisons et lâendroit oĂč nous sommes. Plus notre cerveau est nourri par des expĂ©riences, des lectures, du savoir concernant lâamour, plus notre marge de manĆuvre sâagrandit. Ce qui explique aussi que le charme et le talent jouent un rĂŽle dans la sĂ©duction, si lâon pense Ă quelquâun comme Serge Gainsbourg. La fonction centrale qui nous diffĂ©rencie des animaux est la capacitĂ© Ă nous raconter des histoires Ă partir des stimuli qui arrivent Ă notre cerveau dâanimal romantique. Lâhistoire dâamour reste lâun des patrimoines de lâhumanitĂ© les plus prĂ©cieux.>> Lire le tĂ©moignage de Nathalie et Steve>> * Pour en savoir encore plus Lâamour de A Ă XY», Comment devient-on amoureux?», Petits arrangements avec lâamour», trois ouvrages parus chez Odile Baumann PatrickpubliĂ© le 13 fĂ©vrier 2020 - 0911
Lerefoulement est un mécanisme de défense inconscient contre des pulsions qui sont ainsi réprimées ou évacuées. " C'est un processus qui consiste à repousser, à mettre hors de portée de la conscience des représentations psychiques inacceptables " définit le Pr Patrick Landman. Ces derniÚres sont taboues au niveau du Moi, de la
Que peut la psychanalyse dans l'amour? Quels remĂšdes au chagrin d'amour? Avec Sarah Chiche, clinicienne et psychanalyste, auteur de "Une histoire Ă©rotique de la psychanalyse" Payot , 2018 et PacĂŽme Thiellement, essayiste et vidĂ©aste, auteur de "Sycomore Sickamour" Puf, 2018. L'amour sur le divan, avec Sarah Chiche, Ă©crivaine et psychanalyste, auteur d'Une histoire Ă©rotique de la psychanalyse de la nourrice de Freud aux amants d'aujourd'hui Payot, 2018. Ce que je tenais Ă saluer, câest le courage de ces femmes, ces hĂ©roĂŻnes, et ces femmes anonymes aussi, qui ont peut-ĂȘtre un savoir particulier sur la douleur. Sarah Chiche Une histoire de lâamour en psychanalyse et une histoire fĂ©minine, qui revient sur le rapport des femmes au dĂ©sir et sur leur rĂŽle fondateur, les prĂ©sentant Ă la fois comme inspiratrices, crĂ©atrices et thĂ©oriciennes de la discipline. Quand on tombe amoureux de quelquâun, on tombe amoureux du grand théùtre quâil porte en lui et du théùtre dâombres de nos morts, des gens quâon aime⊠Sarah Chiche En une cinquantaine dâhistoires, d'Anna O. Ă Marie Bonaparte, en passant par le prĂ©tendu triangle amoureux Freud-Martha-Minna Bernays et par l'homosexualitĂ© probable de sa fille Anna, lâouvrage retrace notre rapport Ă la psychanalyse et donc au sexe, Ă lâamour et Ă la libertĂ©. En dialogue avec lâĂ©crivain PacĂŽme Thiellement, qui nous parle du mal d'amour dans Sycomore Sickamour PUF, 2018. Cliquez ici pour Ă©couter la premiĂšre partie de l"Ă©mission "PacĂŽme Thiellement, malade d'amour" Cest lĂ que lâanalyse nous incite Ă ce rappel quâon ne connait pas dâamour sans haine.1 Haine et amour Le propos de Lacan nâest pas de rappeler ce que tout un chacun connait bien, le possible basculement de lâun dans lâautre. Non, ici la haine est dâemblĂ©e concernĂ©e dĂšs que lâamour entre en jeu. Et Lacan prĂ©cise bien qu Dans ma lecture de rentrĂ©e de vacances, je me suis arrĂȘtĂ©e Ă ce post. J'y rĂ©ponds autant qu'aux prĂ©cĂ©dents. J'ai rigolĂ© en rigolant laissons ce labsus en lisant la dĂ©finition de Smarloune pour une fois je suis tout Ă fait d'accord avec toi sans pouvoir discutĂ©. Pourtant les tentatives de dĂ©finition de Anne me semblent tout aussi justes, vraies, ressenties, vĂ©ritables. Il n'y a pas d'amour parfait, il n'y a que l'amour, et celui-ci est fait d'ententes, de mĂ©sententes, de disputes. Il faut savoir composer avec l'amour, avec l'autre qu'on Aime. Aimer je pense que l'amour vient avant, presque, l'aimĂ©. En cela je suis d'accord avec Isabelle aussi il n'y a d'amour que de foi en la vie. Aujourd'hui, aprĂšs mes Ă©tapes italiennes et siciliennes, mes vagabondages en solitude, ma solitude, mes peurs et mes paniques, mes heures d'Ă©criture, mon sentiment d'Ă©touffement Ă Naples, envie impalpable de partir, repartir, rentrer retourner Ă Assise, le sublime d'Alicudi, aprĂšs tout cela, je peux dire que j'aime. Parce que j'ai vu la vie, que en ces maigres instants, j'ai vue la vie, l'ia vĂ©cu, presque. Je suis amoureuse de l'Italie, comme je l'ai Ă©tĂ© de GĂ©rald d'un amour pur, grand, qui se suffit Ă lui-mĂȘme, sans besoin de rĂ©ponse. Aimer, c'est aimer, ce n'est pas attendre de l'autre quelque chose. AprĂšs, ce qui est imparfait ce n'est pas tant l'instant d'amour, le sentiment d'amour que la vie qu'il y a autour ĂȘtre deux ĂȘtres, ĂȘtre Ă deux, diffĂ©rents, donc pas un, donc pas seul, donc il faut faire avec l'autre en accepter les dĂ©fauts, reconnaĂźtre les siens. Savoir ĂȘtre soi, simplement, sans se plier Ă l'autre, et sans plier l'autre Ă nous. Ce n'est pas facile, c'est mĂȘme trĂšs dur parfois, quand Ă l'amour se mĂȘle la haine, la nĂ©cessitĂ© impĂ©rieuse que l'autre rĂ©ponde Ă ce vide initial, originel que l'on ne peut supporter. AprĂšs je voulais rĂ©pondre plus particuliĂšrement Ă Anne "En amour, j'ai davantage envie d'ĂȘtre avec l'autre que besoin de lui. C'est parce que j'avais ce sentiment que je me suis engagĂ©e. Je ne le regrette pas. " C'est une si elle phrase, une phrase si rayonnante. Au dĂ©but avec G. il n'y avait que cette envie; s'y est vite cependant mĂȘlĂ© le besoin. Besoin d'ĂȘtre avec l'autre, n'exister que par l'autre. Ce besoin est tueur, ravageur car il rĂ©pond Ă une croyance primaire mais fausse qu'on ne peut ĂȘtre que par l'autre. j'ai longtemps cru, ainsi, ne pouvoir plus ĂȘtre que par lui, que en lui, qu'avec lui. Qu'etais-je, seule? Je n'Ă©tais rien, que du vent, que de la matiĂšre grise, qu'un truc inconsistant. Etre avec lui m'a empĂȘchĂ© sous un certain angle de vue d'ĂȘtre avec moi, d'ĂȘtre moi. Ma TS en dĂ©cembre rĂ©pondait Ă tout ceci n'ĂȘtre que dans la fusion, dans la passion de patio, souffrir, rendait impossible la seule acceptation de la fin. Du mot fin. Du mal fin. Mal finir, c'Ă©tait obligĂ©. Une telle relation ne pouvait pas bien se finir, il y avait trop de mots dans cela pour que ce soit possible. Je l'ai quittĂ© comme je me suis quittĂ©e moi-mĂȘme en cet instant, et cela m'a sauvĂ©e, car enfin j'ai pu ĂȘtre. Etre. Seule. Moi. Cela fait du bien d'ĂȘtre seule. Ce vide, cette infinie et extrĂȘme solitude des mots posĂ©s sur le papier, cette histoire que je me raconte j'ai beaucoup Ă©crit en Italie. Du bien et Ă la fois de la solitude, de la souffrance. Parce que celle-ci est moi, je ne peux pas ne pas l'accepter en moi. Parce qu'elle est constitutive de mon amour pour la vie, je ne peux pas la renier. Je l'aime, parce que en un certain sens je veux m'aimer, aujourd'hui - du moins Ă certains moments $đ . La souffrance je crois va avec la vie, parce qu'elle son revers, et que la vie n'est que ce grand vide du prĂ©sent Ă remplir, Ă faire, Ă ĂȘtre. Acte en constitution perpĂ©tuel, la vie ne peut qu'ĂȘtre vide, qu'ĂȘtre soi, et donc ĂȘtre faite de souffrance, de solitude et de peurs. Et cela mĂȘme je commence Ă l'aimer, parce que je commence Ă le comprendre. La vie. La seule. L'unique. Celle qui m'est donnĂ© de vivre, je ne veux pas la gĂącher, je ne veux pas la recopier, comme un vulgaire peintre, sur une peinture dĂ©jĂ faite du passĂ©. Non, je ne peux pas. Cela, je ne peux plus ĂȘtre comme les aurtes, feindre, je en pourrai plus jamais. Mon acte m'a appris cela qu'on ne peut ĂȘtre que Soi, qu'Autre. Autre que les autres, Autre que l'aimĂ©. Aimer, ce n'est donc rien qu'accepter un peu d'autre en soi, accepter de recevoir un peu malgrĂ© sa propre individualitĂ© - puisqu'au final nous ne sommes que nous, donc diffĂ©rent des autres, du vous, du tu, du toi, du il... - et dans sa propre individualitĂ© accepter de partager un peu dans ses diffĂ©rences. Une si simple simplicitĂ©. Une chose si Ă©vidente. Et nous la compliquons sans cesse. Parce que nous croyons qu'il y a perfection en l'amour, en l'ĂȘtre-Ă -deux, alors que nous nous sommes toujours trompĂ©s, que c'est en la vie, en l'amour non de l'autre mais de la vie et de soi aussi qu'il y a perfection. Et l'aour de l'autre, de l'ĂȘtre-Ă -deux alors ne vient qu'aprĂšs qu'aprĂšs cette singuliĂšre dĂ©couverte, de l'amour de soi. Il faut s'aimer, il faut aimer la vie et s'aimer soi-diffĂ©rent-des-autres, pour rĂ©ussir Ă vivre avec l'autre, Ă lui partager un peu lui donner un peu de soi, et savoir tout autant en recevoir un peu. Et qu'importe tout le reste, le quotidien les disputes je crois profondĂ©ment que tout cela n'est que vacances Ă soi, qu'il faut continuer d'ĂȘtre soi, et non se plier Ă l'autre. Faire un compromis c'ets si simple quand on regarde la vie, et si compliquĂ© quand on regarde l'autre. Je me regarde moi-mĂȘme, et je n'ai toruvĂ© que ce compromis celui d'ĂȘtre vraie avec la vie avec l'amour de la vie avat que d'ĂȘtre avec l'autre je ne serai avec l'autre que quand je serai moi-mĂȘme. Et je crois que tes mots Anne disent bien cela que tu n'es bien dans ton couple que parce que tu y es bien toi. Menfin je vais m'arrĂȘter lĂ sur ce pan lĂ , et continuer Ă vous lire, passoinnĂ©ment. Mais avant je rajoute mon Ă©nimĂšme grain de sable. Je lis Anne "Je ne sais pas si ce sont les croyances qui poussent aux Ă©checs. N'est-ce pas plutĂŽt un manque de foi en l'amour? ". Je ne crois pas. Je crois que c'est un manque de foi en soi, et en la vie. Et aussi le manque d'une vraie rencontre et dans cela, j'entends, une rencontre de deux ĂȘtre qui en soient au mĂȘme point de l'existence Ă savoir s'aimer soi Ă©prouver du plaisir et de la vie Ă ĂȘtre soi, avant d'aimer l'autre. Et les croyances en cela jouent beaucoup je crois croire que l'amour va rĂ©pondre Ă un mal dont la Cause, inconnue, est tout autre, croire que l'autre rĂ©pondra Ă nous, croire un peu Platon ausis et le fameux mythe de l'androgyne, qu'un homme et une femme sont deux ĂȘtre qui peuvent se rĂ©pondre parfaitement, s'"enchasser" parfaitement ensemble, sur le plan de l'ame notamment. Menfin.... Je crois avoir dĂ©jĂ Ă©tĂ© assez longue pour mon retour, alors, bisous Ă tous agathe Lamour est toujours amour de transfert. Aussi peut-ĂȘtre, plutĂŽt que de mettre lâaccent sur ces termes de mĂ©salliance, de faux rapport, de « fausse association », faudrait-il parler du surgissement dâun mĂȘme dĂ©sir, qui maintenant devenu conscient, parce que rattachĂ© Ă lâanalyste, nâen reste pas moins interdit. Le vĂ©ritable amour nâapparaĂźt pas par magie. C'est le fruit d'un investissement personnel, d'un engagement et d'un rĂ©el respect pour l'autre. Il s'agit de pouvoir assumer un projet commun, tout en respectant l'Ă©panouissement individuel de vĂ©ritable existe-t-il vraiment ? Si nous devions le dĂ©finir, nous pourrions dire quâil sâagit de quelque chose qui va au-delĂ des sentiments. Câest une combinaison subtile dans laquelle il y a une relation forte entre la proximitĂ© et la complicitĂ©. En mĂȘme temps, on y trouve des Ă©lĂ©ments aussi puissants que la rĂ©ciprocitĂ©, le dĂ©vouement, lâattention. Enfin, lâamour vĂ©ritable est marquĂ© par cet engagement profond dâentreprendre un projet en commun dans le respect de lâĂ©panouissement de Francisco de Quevedo a dit que âceux qui sâaiment de tout leur cĆur se parlentâ. Cependant, comme nous le savons bien, mĂȘme si les sentiments sont sincĂšres, nous ne savons pas toujours comment communiquer de la maniĂšre la plus efficace. Ainsi, bien que la passion puisse ĂȘtre grande, souvent, lâamour sâessouffle et la relation est donc le secret ? En rĂ©alitĂ©, du point de vue affectif, le succĂšs ne rĂ©side pas dans le fait de âsâaimer beaucoupâ. Il nâest pas question non plus de faire tous les sacrifices possibles pour lâĂȘtre fait, la recette ne consiste pas tant Ă aimer lâautre, mais plutĂŽt Ă sâaimer suffisamment soi-mĂȘme. Comme lâa dit Erich Fromm, il sâagit de lâart de comprendre que lâamour nâest pas un acte passif, mais un don constant de soi et un travail mĂȘme, il y a une chose que chacun dâentre nous se doit dâadmettre. Chaque fois que notre destin croise le chemin dâune personne spĂ©ciale, singuliĂšre, presque magique Ă nos yeux, nous nous demandons Est-ce le bon ? Ai-je enfin trouvĂ© lâamour vĂ©ritable ? Des experts en la matiĂšre comme Helen Fisher nous donnent des Ă©lĂ©ments de rĂ©ponses pour comprendre si nous sommes sur la bonne voie. Voyons Ă prĂ©sent cela de plus ingrĂ©dients de lâamour vĂ©ritableRien nâest vrai tant que nous ne lui donnons pas nous-mĂȘmes dâauthenticitĂ©. Dans le domaine de lâamour, cela se traduit par quelque chose de trĂšs simple se battre pour ce qui en vaut vraiment la peine. Donner de la valeur Ă ce qui embrase notre cĆur. Ainsi, certains spĂ©cialistes du sujet, comme Richard Schwartz, professeur de psychiatrie Ă la Harvard Medical School, nous disent quâil sâagit surtout de savoir comment rĂ©pondre aux dĂ©fis qui se prĂ©sentent Ă chaque instant dans une comme la lune, a ses phases. Le fait de sâengager dans chacune de ces Ă©tapes rendra le lien un peu plus authentique chaque jour. Parce que dâune certaine maniĂšre, lorsque nous unissons nos efforts, nos attentions et nos dĂ©terminations, lâunion devient plus forte. Tout semble alors plus significatif au quotidien. Câest donc cet engagement quotidien qui rend notre tissu relationnel de plus en plus concret, fort et Ă©tudions de plus prĂšs les ingrĂ©dients qui composent gĂ©nĂ©ralement ce lien vĂ©ritable va au-delĂ de la passionLe vĂ©ritable amour est bien plus quâun sentiment et une passion orchestrĂ©e par une sĂ©rie de neurotransmetteurs. Au dĂ©but, il comporte des Ă©lĂ©ments particuliers La surprise, lâintrigue, la dĂ©stabilisation⊠Soudain, nous dĂ©couvrons une personne qui nous attire au-delĂ de la simple apparence. Il y a une amorce de lien qui rompt avec tous les schĂ©mas que nous avons connus jusquâĂ prĂ©sent. Cette complicitĂ© presque immĂ©diate nous attire et nous dĂ©stabilise Ă la fois Des Ă©tudes, comme celles menĂ©es par lâanthropologue Helen Fisher, nous rĂ©vĂšlent quelque chose dâintĂ©ressant. Les couples qui ont une relation stable ne sont pas seulement attirĂ©s sexuellement. Dans leur cerveau, les zones responsables de lâempathie, de la compassion et de la motivation sâactivent plus que chez les autres Câest un Ă©tat dâesprit durableLe vĂ©ritable amour est aussi un Ă©tat psychique et Ă©motionnel capable de durer dans le temps. Cela signifie, par exemple, que les partenaires se prĂ©occupent de lâautre en toutes circonstances. Ils cherchent Ă©galement Ă amĂ©liorer son bien-ĂȘtre Ă allĂ©ger ses souffrances, Ă sâintĂ©resser Ă ses problĂšmes, Ă crĂ©er une complicitĂ© au quotidien. Bref, ils souhaitent ĂȘtre prĂ©sents tant pour les petites que pour les grandes dâintemporalitĂ©LâintemporalitĂ© signifie que dans une relation stable et heureuse, le passĂ© nâa pas dâimportance et que lâavenir ne suscite pas dâinquiĂ©tude. Les personnes capables de construire un vĂ©ritable amour ne se sentent pas prisonniĂšres ni de leurs erreurs ni de leurs relations passĂ©es. En rĂ©alitĂ©, elles apprĂ©cient simplement le prĂ©sent avec intensitĂ©, sagesse et voient leur partenaire actuel comme le centre de gravitĂ© oĂč se centrent leurs espĂ©rances, leurs efforts, leurs engagements et leurs espoirs. Ce qui sâest produit hier nâexiste plus. Les craintes concernant lâavenir de leur relation actuelle nâont pas de sens non plus. En effet, il nây a pas de place pour la peur. Il y a seulement la conviction de chĂ©rir ce quâon possĂšde, ce quâon dĂ©sire et dâen profiter ici et synergieLa synergie consiste Ă converger vers un mĂȘme idĂ©al et un mĂȘme projet. Il ne sâagit pas de diriger ses espoirs, son engagement et sa volontĂ© dans une seule et mĂȘme direction, mais plutĂŽt dans de multiples directions en mĂȘme temps. Câest un peu comme ĂȘtre un couple de danseurs qui glisse en rythme et en harmonie en crĂ©ant de nouveaux mouvements pour surmonter ensemble les couples qui se retrouvent en synergie se dĂ©veloppent dans tous les domaines de la vie. En effet, ensemble, ils sont plus que la somme de leurs parties individuelles. Ensemble ils crĂ©ent une entitĂ© effective et dĂ©cisive dans laquelle ils se soutiennent mutuellement. De plus, ils savent quâils ne risquent pas de tomber et quâils peuvent aller de lâavant lĂ oĂč ils le dĂ©sirent. Ils sây sentiront toujours en sĂ©curitĂ©, toujours conclusion, le vĂ©ritable amour existe. Cela ne fait aucun doute, mĂȘme si parfois, il nous glisse entre les doigts pour diverses raisons. Quoi quâil en soit, le plus important est de se donner la possibilitĂ© de ressentir ce sentiment autant de fois que nĂ©cessaire. Lorsque cela se produit, il ne faut alors pas hĂ©siter. Il faut se donner les moyens de faire durer lâexpĂ©rience afin de devenir des danseurs Ă©ternels sur la piste de danse des relations amoureuses pourrait vous intĂ©resser ... mnl7a1.